Prêt pour la 11ème édition de l'Ut4M ? Ce rendez-vous majeur du trail en Isère se transforme en ambassadeur touristique et en acteur clé de l’attractivité du territoire. Retrouvez l'interview de Sébastien Accarier, fondateur de l’Ut4M, témoignage de l’évolution de la pratique du trail, qui continue de le surprendre.
Comment est né l’Ut4M ?
Sébastien Accarier : il y a quinze an.s j’étais un coureur d’ultra-trail et je m’engageais dans des courses longues distances. Je m’entraînais au quotidien au départ de Grenoble sur une grande partie des itinéraires de l’actuel Ut4M. C’est mon petit frère Simon, à l’origine d’un autre ultra-trail, le Grand Raid des Pyrénées (GRP), qui m’a donné envie d’imaginer l’équivalent autour de Grenoble. Comme je réside au centre-ville, j’ouvre mes volets sur trois massifs, Chartreuse, Belledonne, Vercors. C’est facile de se dire « aujourd’hui je monte au sommet du Moucherotte dans le Vercors ou bien je grimpe au Rachais puis au Saint-Eynard en Chartreuse ».
Si on rajoute le Taillefer et la chaîne de Belledonne on peut relier ces différents points avec l’ultra-trail. Grenoble est aussi une grande ville qui offre un superbe spectacle sous les étoiles lorsqu’on est en montagne. L’itinéraire ultra-trail de 160 km tourne autour de Grenoble. Je me suis dit que ce serait magique d’offrir ce lac de lumières digne des mille et une nuits aux coureurs pendant leur épreuve en nocturne.
En dix ans, quels grands changements avez-vous observés dans la pratique du trail ?
Sébastien Accarier : c’est nouveau et surprenant, j’ai le sentiment que les coureurs reviennent à des distances plus courtes. Pendant toute une période, j’ai observé la quête de distances toujours plus longues. Ce n’est peut-être plus autant la tendance. Cette année, à date équivalente, les inscriptions pour les courses longues distances de l’Ut4M sont en retrait alors que les distances plus courtes sont en avance.
Deuxième phénomène, le trail attire toujours plus de monde. Quand je cours à la Bastille, je reste stupéfait par le nombre de coureurs toujours plus nombreux sur ce site emblématique de Grenoble. Je pense qu’il s’agit de personnes qui pratiquaient d’autres activités sportives qui se sont mises à courir pendant la Covid. Ils ont découvert un sport simple, accessible et plaisant en montagne. Certains y prennent goût et se lancent petit à petit des défis. Quelle que soit sa distance, 20, 40 ou 160 km cela reste un challenge pour soi.
Comment expliquez-vous cet attrait pour des distances plus raisonnables ?
Sébastien Accarier : mon hypothèse est que le confinement et le quotidien sous contraintes, ont amené les pratiquants à lever le pied, à rechercher une vie plus sereine. Ils sont heureux d’avoir retrouvé la liberté et le plaisir de vadrouiller où bon leur semble. Pour l’instant, ils ne sont pas prêts à vivre les contraintes d’entraînement et d’organisation qu’impose l’ultra-trail.
Comment concilier rassemblement en montagne et développement durable ?
Sébastien Accarier : nous développons de nombreux axes liés à la responsabilité sociétale et environnementale. D’abord contre « l’autosolisme ». Navettes coureurs, accords avec Citiz autopartage, 40 % de réduction sur les billets SNCF TER, libre circulation pour les coureurs et les bénévoles sur le réseau de transport en commun M TAG du SMMAG visent les véhicules individuels. Nouveauté 2022, des navettes familles et accompagnants leur permettront d’accéder à certains sites en altitude. Ensuite protection des sites traversés. Cela passe par la sensibilisation des coureurs et du public. La course passe sur des sites Natura 2000, traverse des zones sensibles avec une flore et une faune fragiles. Nous veillons au tri des déchets sur les postes de ravitaillement. On remarque que les coureurs sont vigilants. Après les épreuves nous récupérons bien sûr nos balises réutilisables et on rend le site aussi propre qu’on l’a trouvé. Respect des usages en montagne aussi car chacun doit trouver sa place. Nous travaillons avec les éleveurs pour ne pas gêner leur activité. Nous dialoguons aussi avec les parcs régionaux et adaptons les parcours pour protéger les espèces et leur lieu de reproduction comme le tétras lyre en Chartreuse. Enfin nous privilégions les circuits courts pour nos approvisionnements comme pour nos produits textiles en nous appuyant sur les acteurs locaux...
En savoir plus : https://ut4m.fr/fr